L’échec de Cancun est celui du libre-échange

mercredi 17 septembre 2003

La cinquième conférence ministérielle de l’OMC s’est soldée par un échec : aucune déclaration finale n’a pu recueillir un consensus chez les 146 Etats membres.

Pour la première fois, les gouvernements d’un nombre significatif de pays du Sud, emmenés par l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine et l’Inde, dans le cadre du groupe des 21 (G 21), ont fait bloc pour dire " non " aux Etats-Unis et à l’Union européenne. Ce double " non " a été opposé, d’une part, aux subventions à l’exportation déversées sur l’agriculture productiviste par les deux principales puissances commerciales, et qui ruinent la paysannerie du Sud, et, d’autre part, aux nouvelles demandes de libéralisation portant sur l’investissement, la concurrence, les marchés publics et la facilitation des échanges (les 4 sujets dits " de Singapour ".

Dans le premier cas, le G 21 a exigé du Nord qu’il s’applique à lui-même les normes libérales qu’il entend imposer aux autres ; dans le deuxième, il a spectaculairement mis un coup d’arrêt aux nouvelles mesures d’ouverture des marchés exigées par les transnationales, par la Commission européenne et, en France, par le Medef. Dans les deux cas, c’est le principe du libre-échange généralisé, objectif ultime de l’OMC, qui se retrouve sur la sellette.

Attac se félicite de cette montée en puissance du Sud et se solidarise avec sa revendication d’un système commercial plus équitable, qui est indissociable de l’annulation de la dette publique des pays pauvres. L’association voit dans le fiasco de la conférence ministérielle un prolongement des grandes mobilisations de ces derniers mois et années, en particulier de celle du Larzac, dont l’ombre portée, relayée par les délégués des associations, ONG et syndicats présents sur place, a atteint le centre de conférences de Cancun.

Que l’OMC ait été incapable de parvenir à un accord en son sein, et cela en appliquant pour la première fois ses propres règles théoriques de fonctionnement, montre à quel point sa crise est profonde. Attac ne relâche pas pour autant son attention car les différentes négociations en cours (agriculture, AGCS, propriété intellectuelle, etc.), entre lesquels un arbitrage global n’a pas pu être rendu à Cancun, vont continuer dans la discrétion et font peser de lourdes menaces dans les secteurs les plus divers, notamment les services publics.

Attac, en liaison avec les autres mouvements - français, européens et internationaux - actifs dans la lutte contre la marchandisation du monde, participera à toutes les campagnes visant à transformer l’échec de l’OMC à Cancun en tremplin pour une autre régulation des échanges mondiaux prenant en compte les droits humains et du travail, sociaux, culturels et environnementaux, de même que la souveraineté et la sécurité alimentaires, et la sanctuarisation de biens communs de l’humanité, en premier lieu l’eau.

En France, Attac va développer une campagne d’information sur les méfaits du libre-échange et sur les alternatives à lui opposer. Dans ce cadre, l’association demandera au président de la République et au premier ministre de provoquer, comme le leur demande le Conseil économique et social, la tenue d’une conférence internationale où sera dressé un bilan public et contradictoire des 8 années de libéralisation commerciale impulsée par l’OMC.

Attac, Paris, 17 septembre 2003


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