Café Repaire le 14/10 au Silo de Saintes

lundi 4 octobre 2021

L’ Autorité

L’autorité est en crise dans tous les domaines entend- t –on. Ce qui n’implique pas son affaiblissement (son exercice discrétionnaire à travers le numérique cf. le QR code prouve l’inverse), mais montre sa mutation pour le meilleur et le pire

C ’est en fait le signe même de l’avènement de la Modernité en Occident, véritable crise de la culture, de l’histoire et de la temporalité ainsi que l ’a réfléchie la première Anna Arendt (la crise de la culture ; 1961) suivis par Reinhardt Koselleck ( Le Futur passé ;1980), Deleuze ( Post scriptum pour la société de contrôle ; 1990) ou plus récemment Peter Sloterdjik (Règles pour le parc humain ) : Comment en effet reconnaître une autorité sans en être esclave ? Mais comment refonder aussi ce qui n ’est plus ou ne doit plus être ?

Tout se passe comme si la naturelle dissymétrie générationnelle et la nécessaire relation politique entre citoyens et institutions n ’ était plus une donnée transmissible. Le primat de l’Economie sur le Politique, l’écroulement historique des idéologies, la disparition des transcendances théologiques ou politiques, la désaffiliation des familles, les effets autodidactiques du numérique ont remis en cause à la fois les pouvoirs et les savoirs de l’ « Ancien Monde ».

Nous voyons bien que le tournant numérique n’est pas seulement technologique mais qu’il a des implications profondes sur les normes, les pratiques, les politique publiques et la souveraineté des Etats ; voici une nouvelle autorité normative, révolution silencieuse car subreptice. Des systèmes sont capables d’infléchir nos décisions en prescrivant des orientations, en transformant le citoyen en consommateur addictifs de biens, de services et mêmes de sociabilité à travers des plateformes marchandes. Notre vie quotidienne en est « optimisée » ! Et nous est donné l’illusion d’une ubiquité relationnelle !

Mais l’autorité dans tout ça ? De tout temps contestable, car expression du pouvoir auquel elle ne doit pas se confondre, toujours objet de redéfinitions à travers ses institutions et ses constitutions, mais nécessitant toujours une légitimité ou une justification, c’est à dire sa reconnaissance par un groupe, une institution, des représentations ou des croyances. Blaise Pascal (cf. " Des grands " dans Les Pensées) distinguait déjà les grandeurs d ’établissement - base de l état social et indice des sociabilités-, et les grandeurs naturelles, objet des attachements et des passions ; à chacune sa forme de respect . L’autorité dans ces conditions peut-elle toujours constituer une valeur et dans quels domaines ?

Parler de la valeur est bien ,en matière d’autorité, chercher ce qui vaut et ainsi poser des corollaires et des différences : soumission, consentement, obéissance, relations dominant /dominé, limitation librement consentie..., en étant toujours conscient des ambiguïtés et des limites.

Ne pas en débattre n’est-ce pas le risque de tomber dans le charisme, l’attente des providentialismes, les fabriques du consentement (cf. Noam Chomsky), les manipulations de l’émotionnel ? Et en définitive le rejet de la démocratie et du délibératif ? Christophe



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