L’exigence démocratique au cœur de l’anticapitalisme

jeudi 8 mai 2008, par Webmestre

par Christian DELARUE. Commission " démocratie " d’ATTAC

Les chats gris de la démocratie " fin de l’histoire "

La démocratie est un joli mot qui s’accommode à toutes les sauces. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. La démocratie pour les néo-conservateurs se comprend dans un cadre limité mais valorisé celui des régimes occidentaux contre les régime orientaux. La démocratie est déjà là réalisée. L’idéologie démocratique fonctionne ici à plein régime. Mais la vision des sociaux-libéraux du PS n’échappe pas pleinement à cet achèvement de " la fin de l’histoire " : tout au plus, à écouter Mme Ségolène ROYALE, faut-il ajouter un brin de " démocratie participative " à la démocratie représentative occidentale. Le plafond de verre est là : la démocratie n’est certes jamais achevé mais nous sommes arrivé à un stade quasi maximal : il suffit d’améliorer ici ou là les institutions de la Vème République et d’insuffler de la " démocratie participative " et la Démocratie majuscule est réalisée. Pour les démocrates conséquents, ceux et celles qui joignent dynamique démocratique et anticapitalisme la démocratie se veut à la fois le moyen et le but. Mais le but est loin d’être atteint. Point de fin de l’histoire ni en version libérale, ni en version social-libérale. La fin démocratique mérite donc d’être précisée et distinguée afin de sortir la démocratie sans adjectif de la nuit ou tous es chats sont gris.

La démocratie est évoquée et invoquée à des phases fort différentes de l’histoire de son déploiement. Sortir du flou c’est avancer dans la compréhension du fait démocratique et de la raison démocratique. Ainsi lorsque la dynamique anticapitaliste se fait forte c’est aussi la dynamique démocratique dont il est question. Un mouvement qui vise la démocratie-but, l’alter-démocratie.

1 - Le " démocratique " ou la démocratie comme moyen.

La démocratie n’est sans adjectif que lorsque l’on évoque le démocratique c’est à dire l’acte citoyen, les pratiques (démocratiques), le processus concret en cours mais aussi dans un sens beaucoup plus large le mouvement populaire (démocratique) qui prends en charge son destin à tous les niveaux. Voir le démocratique comme dynamique c’est adopter une vision dialectique qui postule des résistances sociales, des résistances structurelles ou systémiques. C’est comprendre que la démocratie si elle n’est pas un état figé et sans histoire elle n’est pas non plus hors de certaine forme sociale-historique qui la bride (ou qui la favorise dans un cadre donné). La science politique décrit alors les caractéristiques de ses formes historiques athénienne, représentative, participative, de gouvernance, mais aussi populaire, autogestionnaire, socialiste.

2 - La séparation entre l’élu et le peuple : le phénomène délégataire.

Cette séparation est structurellement rattachée à la séparation entre l’Etat et la société civile sauf pour les associations et les syndicats. Elle est donc puissante (cf Bernard SARTRON lien ci-dessous) mais ce n’est pas une citadelle imprenable. Elle subie un double mouvement contradictoire l’un concerne les résidents extracommunautaires qui aspirent à devenir citoyen sans être nationaux, l’autre a trait au contrat de citoyenneté qui doit être resserré pour certains et plus distendu pour les libéraux qui défendent la gouvernance. Gérard PERREAU-BEZOUILLE tout comme la commission Démocratie d’ATTAC plaide pour la co-décision et pour la possibilité et la nécessité " de renouvellement de la citoyenneté toute entière, de réinventer le contrat passé avec les élus, d’étendre le champ d’action de la démocratie, de démocratiser en profondeur les institutions comme les entreprises, de permettre les conditions de la création d’une nouvelle république, d’inventer une citoyenneté mondiale … "

3 – L’alterdémocratie ou la démocratie comme fin

Gérard P-B poursuit : " Nous parlons bien d’un moyen d’émancipation de tous, c’est-à-dire d’une démocratie pensée comme fin et comme moyen, comme ensemble de droits à défendre, à construire, à conquérir et comme processus pour, en travaillant ensemble, forger déjà, par notre diversité, les conditions pour continuer d’avancer. Nous parlons bien des conditions de l’irruption effective du plus grand nombre dans le débat et la construction du politique. Si nous sommes convaincus que la démocratie est LE moteur du dépassement du capitalisme et de toutes ses formes de dominations, c’est bien au quotidien, en avançant ensemble que nous créons les conditions réelles pour avancer.

Bellaciao le vendredi 26 janvier 2007 (20h31) :

VERS UNE "AUTRE DEMOCRATIE"
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article41764

Sortir la production de la tutelle du capital : pour une maîtrise citoyenne de la production

http://www.france.attac.org/spip.php?rubrique1035

4 - Le mouvement démocratique se déploie pleinement en temps de crise.

Le mouvement démocratique ne saurait se limiter à sa forme locale " participative " " consultative " comme supplément d’âme de la forme " représentative ". Mon propos n’est pas ici une critique de ce qui se fait à Poitiers pas plus qu’à Nanterre. Ce qu’il importe de noter et de répéter c’est que la tâche du mouvement démocratique est de bousculer partout les rapports sociaux contraignant et notamment les rapports sociaux de production et de distribution capitaliste tant dans la société civile et à tout les niveaux territoriaux que dans l’entreprise privée capitaliste et ce afin d’accéder à l’alterdémocratie. Si l’on reprend la fameuse formule de Lénine sur la crise révolutionnaire alors il faut nommer mouvement démocratique la dynamique révolutionnaire de ceux d’en-bas qui prennent en charge leur destin. Le mouvement démocratique dépasse le cadre étroit et étouffant de la démocratie libérale et de son hypocrisie.

Christian DELARUE

Commission " démocratie " d’ATTAC

1) Gerard PEZEAU-BEZOUILLE

http://maintenantagauche.org/?cat=5

2) Sur la démocratie rabougrie

Démocratie libérale et hypocrisie : une combinaison nécessaire

http://www.france.attac.org/spip.php?article7312

De la « représentation » à la « gouvernance néolibérale » ou du dévoiement de la critique de la représentation à son rétablissement possible

http://www.france.attac.org/spip.php?article7311

3) Dans le 4, "la fameuse phrase de Lénine" : Pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque ceux d’en bas ne veulent plus et que ceux d’en haut ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.

in "La maladie infantile du communisme"

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