Le gendarme de la City se prononce pour la taxe Tobin

dimanche 30 août 2009, par Webmestre

La proposition jeudi d’Adair Turner d’instaurer une taxe sur les transactions
pour dompter les excès de la finance mondiale, a été fraîchement accueillie par
le monde de la finance. Attac, en revanche, jubile.

Après la proposition du gendarme de la City d’instaurer une taxe Tobin sur les
transactions financières, le mouvement altermondialiste s’est félicité vendredi
de voir ses idées progresser jusque dans le temple du capitalisme et espère
qu’elles rencontreront un écho au G20.

Hier, Adair Turner, chef de l’autorité britannique des services financiers (FSA)
s’est déclaré favorable à une taxe sur les transactions pour dompter les excès
de la finance mondiale. Des propos fraîchement reçus vendredi par la communauté
financière anglo-saxonne.

Le quotidien des affaires britannique Financial Times y a vu une « fausse note »,
tandis que le Wall Street Journal soulignait que l’instauration d’une « taxe
Tobin » sur les transactions financières est « hautement improbable » dans un
avenir proche étant donné « le niveau de coordination internationale qu’elle
nécessiterait ».

Première concernée par la suggestion d’Adair Turner, l’association des banquiers
britanniques (BBA) y a vu une menace pour la prééminence de Londres en tant que
centre financier international et appelé à ne pas faire fuir à l’étranger les
banques installées au Royaume-Uni « avec une mauvaise régulation ou de mauvaises
taxes ».

Soutien en France d’Attac

Au milieu de ce concert critique, Aider Turner a reçu en France un soutien
impensable il y a encore quelques mois, venu du mouvement altermondialiste
Attac, dont la naissance en 1998, était précisément liée à la demande d’une
taxation des transactions. Le nom complet d’Attac signifie d’ailleurs
Association pour la taxation des transactions financières et l’action citoyenne.

« Nous saluons la lucidité d’un des principaux acteurs de la finance globale,
Adair Turner » a indiqué Attac France dans un communiqué vendredi : « Comme lui,
nous affirmons que la plupart des transactions de la place financière de Londres
— ainsi que Paris, Francfort, New York — et notamment celles accomplies par des
traders assoiffés de bonus sont "socialement inutiles" ».

« Lorsque Turner réclame la cessation des rémunérations excessives dans un
secteur financier hypertrophié depuis 30 ans, il a parfaitement raison, et de
même lorsqu’il réclame -comme nous le faisons inlassablement depuis 11 ans- la
fixation de taxe sur les transactions » a déclaré à l’AFP le co-président d’Attac
France, Jean-Marie Harribey, professeur d’économie à l’université Bordeaux IV.

Une vieille idée

« Nos analyses ont été confirmées par la réalité de la crise, sur les
rémunérations extravagantes et les paradis fiscaux également, elles sont
maintenant sur la place publique, mais il n’est pas certain qu’il y ait beaucoup
de gouvernements qui aient pris de réelles mesures » a-t-il ajouté, demandant au
président français Nicolas Sarkozy de « soutenir les propositions de Aider Turner
dès le prochain G20 de Pittsburgh ».

L’idée d’une taxe sur les transactions de changes avait été lancée en 1971 par
un américain prix Nobel d’économie James Tobin, après l’effondrement du système
monétaire international issu de Brettons Woods. Cette « taxe Tobin » dite « du
sable dans les engrenages » et surnommée « taxe Robin des Bois », devait servir
selon l’économiste à réduire la volatilité des marchés et décourager la
spéculation à court terme.

L’idée a rencontré un vif succès auprès de nombreuses associations de gauche et
du mouvement altermondialiste. Mais, James Tobin, mort en 2002, avait refusé de
soutenir le mouvement altermondialiste, se déclarant d’abord partisan du
libre-échange.

(Source AFP)

http://www.liberation.fr/economie/0101587573-le-gendarme-de-la-city-se-prononce-pour-la-taxe-tobin

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