Quelle démocratisation des services publics ?

mardi 9 janvier 2007, par Webmestre

Auteur Delarue Christian

Comission Démocratie

"De privatisation en filialisations, de dénaturation des missions de service public en déréglement tation des styatuts des salariés, la seule défense des services publics ne marche plus. C’est bien d’une boussole dont nous avons besoin pour donner du sens aux mobilisations et populariser une autre conception des services publics, une autre démocratie." Je serais assez d’accord avec ce constat lu dans un tract d’ Alternative libertaire qui propose de "reprendre en mains les services publics" .
Par contre la suite du texte mérite débat sur les priorités : "Nous nous battons pour que les services publics soient pris en mains par les salarié-e-s, que leur gestion et leurs objectifs soient définis et contrôlés par eux : en bref, l’autogestion économique et sociale de toutes les activités utiles aux travailleurs-ses- et à la population.

Dans les débats sur ce thème j’avance ordinairement la nécessité première de dégager les services publics de tout ce qui les recouvre et perverti en terme d’insertion de logique de rentabilité, de marché et de concurrence . Les services publics fonctionnent et obéïssent à des principes juridiques qui assurent théoriquement (1) de bonnes conditions de travail aux fonctionnaires et aux autres personnels (principe de la carrière, doctrine d’emploi, divers comités paritaires, pas de licenciements...) et qui assurent aussi l’égalité d’accés aux services non marchands pour tous et toutes sur tout le territoire y compris donc pour les usagers insolvables. Le service public n’est pas un archipel de coopératives locales dispersées sur le territoire et fonctionnant chacune isolément.

A mon sens, il est vain de parler de démocratie et de contrôle si on laisse la marchandisation s’opèrer plus encore. La priorité d’action passe d’abord par ce travail de remise des services publics sous contrôle de la décision politique. L’exigence d’appropriation publique vise même à étendre cette sortie des entreprises de la finance et du marché. Les service publics obéïssent à une autre économie : une économie de valeur d’usage et non de valeur d’échange : on quitte le système des prix pour les tarifications politiques et la gratuité.

La démocratisation passe par une réforme des organismes paritaires. Cette réforme passe par des mesures donnant plus de poids aux représentants des personnels dans les diverses instances paritaires . Cela mériterait plus de précisions . Disons qu’il s’agit de faire sauter le verrouillage assuré par les présidents de comités locaux ou nationaux , vérouillage qui donne décision à la parité "administrative", c’est à dire à /in fine /à la Haute administration, celle qui est globalement la classe d’appui du néolibéralisme et du MEDEF.

Si une gauche antilibérale mettait en place une série de mesures en ce sens il serait alors possible, dans certains services publics, d’assurer la présence d’association de défense des usagers. Je pense plus à INDECOSA-CGT ou aux branches "défense des consommateurs et usagers" des autres syndicats de salariés qu’à l’association SOS Usagers de Jean-Claude DELARUE (avec qui je n’ai aucun lien de parenté ni aucune adffinité idéologique).

Ma réserve provient du fait que si la défense des usagers est nécessaire elle ne doit pas se faire sur le dos des salariés des services publics. Les syndicats peuvent faire des propositions exigeant de nouveaux moyens financiers et des moyens supplémentaires en personnel pour assurer dans de bonnes conditions un meilleur service aux usagers.

Tout cela ne se fera pas sans luttes sociales importantes ni sans transcroissance des luttes dans les autres pays d’Europe. Il faut donc non seulement une force politique antilibérale hégémonique en France mais encore un nouveau printemps 2003.

Christian DELARUE

1) En fait les services publics connaissent un harcèlement au travail important supérieur au privé. De plus la tendance générale est à l’adoption de dispositifs de management copiés du privé (contractualisation, individualisation et primes "au mérite", contrôle informatisé du travail...). Du coup les rapports hiérarchiques ne sont plus cordiaux mais tendus. Les rapports de force fréquents et de plus en plus durs.

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