Réseau des bibliothèques d’Orléans : le petit atelier du néolibéralisme, par Michelle Gardon (déc. 2003) Extrait de la Lettre d’attac 45 n°22, décembre 2003

En février dernier, la Mairie d’Orléans a demandé à un cabinet privé de réaliser (pour 60 000 euros...) un audit - avec consultation des élus, du personnel et d’un groupe d’usagers - dans les bibliothèques afin « d’améliorer le service offert aux usagers ». A chaque interrogation de la part des employés, la réponse de la municipalité, pendant huit mois, a été la même : il s’agissait d’ « améliorer l’efficacité du service public ». Qui irait décemment contre un tel souci altruiste ?

Et puis, le mardi 12 novembre, la municipalité convoque, dans l’après-midi (provoquant ainsi une fermeture exceptionnelle de tous les sites), l’ensemble des employés des bibliothèques, afin d’annoncer ce que chacun supposait bien : dix postes seront non renouvelés et deux emplois-jeunes non embauchés ; le tout devant être compensé par des heures effectuées par des étudiants - moins qualifiés, moins payés. Le commentaire municipal est quelque peu modifié : il convenait en fait de « mettre en adéquation les dépenses et les services rendus »...

Et ça n’est pas qu’un glissement sémantique ! A terme, tous les services municipaux seront touchés. Les audits ou études des services se multiplient : sachez qu’au service Espaces Verts, la partie la plus rentable du centre de production florale fait l’objet d’une étude pour la confier au privé. Ainsi que l’entretien ménager des établissements communaux, dont celui des écoles primaires, le portage des repas à domicile par le CCAS, et la maintenance informatique de la Mairie... Suivant les lois gravées dans le marbre néolibéral, tout ce qui peut être délégué, confié, abandonné de la chose publique au privé le sera.

Dans les bibliothèques, alors que l’enquête auprès des usagers montrait un très (trop !) fort taux de satisfaction, on va donc devoir réduire ou supprimer certains services : diminution du temps consacré aux non-voyants (alors qu’un matériel spécialisé coûteux vient d’être acheté...), réduction des horaires d’ouverture des certains services (fond ancien et fond local d’abord, d’autres ensuite), impossibilité de maintenir les écoutes sur place aux heures d’affluence, allongement des files d’attente...

Alors que les bibliothèques sont évidemment des lieux de culture, mais aussi de socialisation pour les enfants comme pour les adultes, quelle amélioration espérer, pour le public, de cette marchandisation progressive d’un des rares lieux-sanctuaires qui résistent face au commerce ?

A ce jour, aucune négociation n’a eu lieu avec les employés ni les organisations syndicales. Les personnels sont entrés en action, soutenus par la CFDT et la CGT : des débrayages ont lieu tous les samedis, qui sont devenus des occasions d’information du public ; et une pétition a été lancée auprès du public. Soutenez le service public de votre ville, soutenez le réseau des bibliothèques d’Orléans !

Michelle Gardon, Attac 45.