Un monde instable et imprévisible à l’heure du coronavirus mercredi 11 mars 2020, par Christophe Aguiton

lundi 16 mars 2020

Jamais, depuis 1945, le monde n’avait connu une situation aussi chaotique et instable dans un enchevêtrement de crises aussi diverses que majeures : climat et environnement, migrations, guerres et tensions géopolitiques, montée des autoritarismes, ralentissement du commerce mondial, soulèvements populaires sur tous les continents, endettements et marchés financiers hors contrôle, et enfin la crise sanitaire du coronavirus...
Si ces crises sont interdépendantes – comment penser les questions migratoires sans penser au climat, aux conflits et aux guerres – il nous faut choisir un angle et, aujourd’hui, l’épidémie du coronavirus est un bon indicateur des fragilités de la situation internationale et des tendances potentielles qu’elle révèle.

Du grec « Krisis », la crise, en français, est avant tout une rupture, une discontinuité qui peut ouvrir sur de nouvelles opportunités. L’épidémie actuelle répond parfaitement à cette définition et elle porte en elle les germes des pires et des plus souhaitables évolutions possibles.

La situation chinoise nous montre à quel point une situation d’urgence peut être utilisée pour accentuer le contrôle de la population. Des milliers d’internautes chinois ont ainsi été exclus des réseaux sociaux pour « propagation de fausses nouvelles » et toute la population est aujourd’hui tracée par des applications sur mobile qui partagent avec la police, les sociétés de transport et même les centres commerciaux, l’état de votre risque sanitaire et le détail de vos derniers déplacements. En Europe nous n’en sommes pas là, mais, sans parler des nombreuses atteintes aux libertés fondamentales dues aux obligations de confinement, il est clair que les gouvernements en place tentent d’utiliser la focalisation des médias et du public sur le coronavirus pour reprendre la main sur les opinions et le contrôle du calendrier. Mais si ces mesures coercitives sont acceptées par les populations pendant le pic de l’épidémie, il est fort probable qu’un mécontentement populaire s’exprimera fortement une fois celle-ci passée. En Chine, les très nombreux messages de soutien au docteur Li Wenliang, le premier lanceur d’alerte à Wuhan, ou les cris de colère face à la vice-première ministre chinoise Sun Chunlan en visite dans la ville en témoignent !

Par son ampleur, et parce qu’elle a d’abord touché la Chine, cette épidémie permet de mettre le doigt sur les points faibles de la mondialisation néolibérale. Des secteurs stratégiques, comme l’industrie pharmaceutique, délocalisent depuis des années des pans entiers de leur appareil productif. Aujourd’hui, en pleine crise sanitaire l’Union européenne (UE) réalise que des médicaments de base sont en passe de manquer à cause de la paralysie de l’industrie chinoise. L’industrie du numérique est également touchée de plein fouet. Mais les dégâts ne se limitent pas à ces secteurs. Les grandes entreprises du secteur de l’automobile, de l’aéronautique ou de la robotique ont développé des chaînes de production qui s’étendent sur toute la planète et qui peuvent se gripper au moindre problème. Le Brexit avait déjà posé une alerte, obligeant plusieurs grands groupes à revoir leurs politiques d’implantation d’usines, et le coronavirus pourrait représenter la crise de trop pour de nombreuses multinationales.

Mais la mondialisation ne concerne pas que l’industrie et de nombreux secteurs vont être durablement impactés par cette épidémie.

SUITE sur le site d’Attac France


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